La guerre des navigateurs et des systèmes d'exploitation (suite)
Les faits : Il y a dix ans, naissait dans l'entreprise Netscape, dont le "Navigator" avait perdu sa position dominante face à Internet Explorer, intégré à Windows par Microsoft pour rattraper son retard, le projet "Mozilla". Ce projet open source va s'autonomiser et va lancer le Navigateur Firefox. Celui-ci ne fait alors pas encore le poids face aux plus de 90% de parts de marché d'Internet Explorer. Il lancera aussi le logiciel de messagerie Thunderbird. Fin 2009, il se décline en version mobile. Il a alors réussi à conquérir près de 25% de parts de marché (contre moins de 65% pour Internet Explorer et moins de 5% pour Chrome). En 2014, alors qu'il lance un projet de smartphone à 25 euros, doté de son propre système d'exploitation, il n'occupe plus que 15% de parts de marché, mais Internet Explorer est à peine au-dessus : c'est Chrome qui est maintenant le leader avec plus de 35%.
Source : "Dix ans après son lancement, Firefox doit faire face à de nouveaux défis" et "Microsoft parachève la révolution d'Office", Les Echos, 7-8 novembre 2014.
Commentaire : Mozilla, projet un peu hybride, porté par une fondation mais générant plus de 300 millions de dollars de chiffre d'affaires (grâce à des accords avec les moteurs de recherche présélectionnés par défaut par le navigateur) joue les troubles fêtes dans le duel de géants qui oppose essentiellement Microsoft d'un côté (Windows + Internet Explorer) et Google de l'autre (Android + Chrome), Apple (iOS + Safari) jouant les outsiders en proposant de son côté ses propres outils dans son système fermé. Le contrôle du système d'exploitation et des principaux outils liés à Internet (navigateur, messagerie, moteur de recherche) est en effet crucial même quand il ne génère pas directement de revenus. Il permet en effet d'orienter le consommateur vers des services lucratifs : Google et Android market, App Store... C'est ce qu'a compris Microsoft qui comptait - et compte encore - avant tout sur les redevances versées pour l'utilisation de son système d'exploitation. Il pourrait être amené à modifier progressivement son modèle d'affaires (ce qui se traduit par exemple par la proposition d'une version de base d'Office gratuite pour Android).