Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Un enseignement supérieur en quête de sens ?

28 Décembre 2016 , Rédigé par innopi.over-blog.com

Un enseignement supérieur en quête de sens ?

Les faits : Stanford met des moyens considérables pour essayer de déloger Harvard de sa place de première université mondiale.

Source : "Harvard - Stanford : la guerre de l'excellence", Les Echos Week-end, 26-27 août 2016, p.11-17.

Commentaire : L'enseignement supérieur est désormais considéré par beaucoup d'observateurs comme un secteur d'activité presque comme les autres où une concurrence mondiale fait rage. Comme le but est d'attirer les meilleurs étudiants de la planète, à la fois pour des raisons stratégiques (le "soft power") et financières (dans la plupart des systèmes, les droits d'inscription représentent une part importante du budget des universités), les classements internationaux y jouent un rôle croissant.

Les implications sont importantes :

- Côté positif, cela engendre dans beaucoup de pays, une hausse des moyens dédiés à l'enseignement supérieur. Or, on sait que l'enseignement de haut niveau et la recherche (indissociables dans les universités) est l'une des clés d'une croissance économique soutenable. Mais le problème est que ces moyens ont tendance à se concentrer sur quelques institutions parmi les plus prestigieuses. C'est la clé du combat à coups de milliards pour attirer les Prix Nobel auquel se livrent Harvard et Stanford. C'est aussi, à une échelle beaucoup plus modeste, le sens du soutien de 60 millions d'euros du Ministère de la Défense français pour soutenir l'Ecole Polytechnique et ses quelques centaines d'élèves. Or, d'une part, l'avenir de nos pays dépend plus de la qualité de la formation de centaines de milliers de cadres intermédiaires que de nos "élites" et, d'autre part, il tend à rigidifier les positions sociales.

- L'autre problème est qu'il faut bien financer ce qui ressemble tout de même beaucoup à une bulle. Cela passe notamment par une hausse des droits d'inscription qui commence sérieusement à montrer ses limites aux Etats-Unis. Cette question des droits d'inscription reflète d'ailleurs l'incapacité de nos systèmes à trouver des équilibres satisfaisants. D'un côté l'emballement des droits, créateurs de fortes inégalités sociales, de l'autre, l'enfermement dans le dogme du quasiment gratuit (il serait intéressant de comparer en France les sommes consacrées à payer les droits d'inscriptions et celles consacrées aux forfaits téléphoniques par exemple), conduisant à une paupérisation du système.

Il reste qu'il est difficile de faire comme si tout cela n'existait pas, au risque, pour un pays comme la France, pourtant fort d'une forte tradition scientifique (au sens large, y compris dans les sciences humaines et sociales) de ne plus avoir aucun attrait pour les bons chercheurs et étudiants. C'était l'un des buts du projet d'Université Paris-Saclay, actuellement dans une phase critique de sa construction, mais il reste à espérer que nous saurons aussi lui donner un véritable sens, ne se limitant pas à une bonne place dans les "rankings" mondiaux et à la formation d'une "élite" étriquée.  

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article